Sieste : combien de temps doit-elle durer pour ne pas nuire à notre santé ?

Avec le changement d’heure, il est normal que notre qualité de sommeil diminue, non seulement à cause du plus grand nombre d’heures de lumière du jour par jour, mais aussi à cause de l’intervention du pollen dans l’air, qui provoque des troubles respiratoires et affecte notre insomnie.

C’est pourquoi, pour de nombreuses personnes, au printemps et en été, la sieste devient une habitude saine qui fait contrepoids à la mauvaise nuit de sommeil. Ainsi, non seulement nous nous reposons un peu plus, mais nous profitons également des bienfaits de cette pratique, qui ne sont pas rares.

Cependant, ces bienfaits ne sont pas toujours au rendez-vous et, selon la manière dont nous faisons la sieste, ils peuvent même entraîner des risques pour la santé. Le point clé est la durée de ce repos : s’il est court, il a certaines vertus qui augmentent avec les minutes, mais seulement jusqu’à un certain point, après quoi le rapport des bénéfices s’inverse.

Quand la sieste passe-t-elle de bonne à indésirable ?

La vérité est qu’il existe une grande disparité d’études, qui désignent l’une ou l’autre durée, mais la plupart s’accordent sur le caractère excessif de cette durée.

Les siestes dites d’une heure sont généralement déconseillées, même si, pour déterminer le risque, il est nécessaire d’examiner l’historique des habitudes de chaque personne, car l’association entre les longues siestes et les risques ne prouve pas nécessairement la causalité.

A titre d’exemple, une étude mettait en évidence un lien de risque entre les siestes fréquentes et l’hypertension artérielle.

L’étude a révélé que « les siestes diurnes fréquentes ou habituelles chez les adultes étaient associées à un risque accru de 12 % de développer une hypertension artérielle et à un risque accru de 24 % d’accident vasculaire cérébral par rapport à ceux qui ne faisaient jamais la sieste ».

Toutefois, l’étude précise qu’un pourcentage plus élevé de personnes faisant des siestes fréquentes sont des hommes, ont un niveau d’éducation et de revenu plus faible et déclarent fumer des cigarettes, boire de l’alcool quotidiennement, souffrir d’insomnie et ronfler.

En d’autres termes, une proportion importante des individus étudiés avait de mauvaises habitudes susceptibles d’affecter leur santé cardiovasculaire. En d’autres termes, on peut être sûr que les hommes ayant de mauvaises habitudes ont tendance à faire plus de siestes, peut-être parce que ces mêmes mauvaises habitudes les rendent insomniaques la nuit.

Ceci est contredit par une recherche publiée en 2015 qui conclut que les personnes hypertendues qui font la sieste ont une tension artérielle plus basse plus la sieste est longue.

En 2020, la Société européenne de cardiologie s’est également fait l’écho des conclusions d’une étude menée par l’université médicale de Guangzhou, en Chine, selon laquelle les longues siestes peuvent augmenter le risque de problèmes cardiovasculaires.

L’analyse a révélé que les longues siestes (plus de 60 minutes) étaient associées à une augmentation de 30 % du risque de décès, toutes causes confondues, et de 34 % du risque de maladie cardiovasculaire, par rapport aux personnes qui ne faisaient pas de sieste.

Toutefois, lorsque le sommeil nocturne était pris en compte, les longues siestes n’étaient liées à un risque élevé de décès que chez les personnes dormant plus de six heures par nuit.

En d’autres termes, le risque n’est pas lié à la sieste elle-même, mais au fait de dormir trop d’heures par jour. En revanche, chez les personnes qui dorment moins de six heures, une longue sieste pourrait avoir un effet reconstituant et récupérateur. Comme on le voit, tout est relatif.

En revanche, une étude réalisée en 2015 par l’Université de Tokyo a montré que les siestes de plus de 40 minutes augmentaient progressivement le risque de syndrome métabolique et de diabète de type 2, en fonction de la durée de la sieste.

Là encore, la relation entre les personnes qui font de longues siestes et leurs habitudes alimentaires et de santé devrait être étudiée, car l’étude a mis en évidence une relation entre la fréquence des siestes et la mauvaise qualité du sommeil nocturne des personnes qui ont participé à l’étude.

Il est bien connu que la mauvaise qualité du sommeil a un impact sur l’obésité, comme le montre ce groupe d’études mis en évidence par le nutritionniste Julio Basulto.

Enfin, une étude récente de l’université de Galway en Irlande révèle que les personnes qui font des siestes longues et fréquentes ont un risque 88 % plus élevé de subir un accident vasculaire cérébral grave que celles qui n’en font pas.

Mais le plus remarquable dans cette étude est que lorsque des facteurs tels que le tabagisme, le manque d’exercice physique, l’alcoolisme et l’insomnie sont pris en compte, les résultats sont similaires. Le nombre d’heures de sommeil était associé à un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral, indépendamment des mauvaises habitudes. Une autre question, comme le souligne l’étude, est de savoir pourquoi trop ou pas assez de sommeil peut affecter notre santé cardiovasculaire.

En effet, ces deux phénomènes trop ou pas assez de sommeil ne sont pas mauvais en soi, mais ils masquent des maladies qui peuvent avoir un impact sur la santé cardiaque susmentionnée.

Explication des risques liés aux longues siestes

La raison pour laquelle nous nous réveillons mal après de trop longues siestes n’est pas claire, mais il semblerait qu’elles impliquent une phase de sommeil profond pendant trop longtemps et qu’elles l’interrompent soudainement alors que notre corps tout entier était en train de s’habituer au mode sommeil.

Il en résulte que le corps doit soudainement revenir à un état actif, ce qui implique la sécrétion de grandes quantités de cortisol pour augmenter le niveau de vigilance afin de sortir de la léthargie.

C’est cette réponse inflammatoire la libération massive de cortisol qui expliquerait que si nous dormons trop l’après-midi, nous avons des maux de tête et même de l’humeur.

Par la suite, on peut avoir plus de mal à s’endormir le soir, avec le risque d’entrer dans un cercle vicieux de longues siestes et de nuits blanches. À cet égard, les experts mettent en garde contre les risques d’une sieste trop tardive, l’heure limite recommandée se situant entre quatre et cinq heures.

Quelle doit être la durée de la sieste idéale ?

Il est établi que des siestes trop longues indiquent soit de mauvaises habitudes de sommeil et une mauvaise hygiène du sommeil nocturne, soit des réactions inflammatoires à des heures tardives qui peuvent augmenter le risque d’accidents cardiovasculaires.

Cependant, les siestes courtes présentent également de multiples avantages, et il semble que plus elles sont pratiquées dans des limites de temps saines, plus ces avantages sont évidents.

Une étude de 2010 établit un lien entre de meilleures performances cognitives et de courtes siestes. Les bénéfices des siestes courtes (5-15 minutes) seraient, selon la recherche, quasi immédiats après la sieste et se prolongeraient d’une à trois heures.

Les siestes plus longues (environ 30 minutes et moins d’une heure), en revanche, amélioreraient les performances cognitives sur une période plus longue, jusqu’à 12 heures.

Une autre étude met en évidence les bénéfices pour la mémoire de siestes limitées, tandis que la US National Sleep Foundation recommande des siestes courtes de 20 à 30 minutes pour améliorer l’humeur, la vigilance et les performances.

En outre, une étude publiée dans le Journal of Sleep Research affirme qu’une sieste de dix minutes suffit à augmenter la capacité mentale à résoudre des problèmes complexes pendant le reste de la journée.

À cet égard, Dalí appliquait une technique curieuse pour faire de courtes siestes : il plaçait des clés dans sa main et ce, à l’extérieur du lit, de sorte que lorsqu’il tombait dans un sommeil profond, les clés tombaient sur le sol avec un bruit sourd et le réveillaient. Aujourd’hui, il est plus pratique de régler l’alarme sur son téléphone portable, mais l’objectif est le même : limiter la somnolence.

Les scientifiques de la NASA ont découvert dans les années 1990 qu’une sieste d’environ 30 minutes appelée « power nap » améliorait les performances des astronautes de 30 % et leur capacité d’attention de 100 %. Par la suite, une autre étude de l’agence spatiale a ramené la durée optimale à 25,8 minutes.

Dans le même ordre d’idées, d’autres recherches prolongent la durée jusqu’à 40 minutes, avec des effets similaires sur la santé en général. Dans ce cas, il s’agit d’une recherche menée dans les services d’urgence des hôpitaux, où l’on a constaté que les siestes de cette durée, tant chez les médecins que chez les infirmières, amélioraient leur vigilance en cas d’urgence.

Certaines études affirment même qu’une sieste de 50 à 60 minutes peut multiplier par cinq la rétention de la mémoire.

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