Savez-vous combien de microplastiques vous ingérez dans votre alimentation ?

Microplastiques, le mot de l’année selon le RAE. Cela semblait être une question purement écologique, mais nous avons saturé nos mers et nos océans à tel point que les déchets rebondissent dans nos assiettes. De plus en plus d’études alertent sur la présence de plastiques dans notre alimentation et les résultats de ces déchets dans notre corps se révèlent timidement. C’est déjà un fait que nous mangeons du plastique et bien que nous sentions que cela ne doit pas être bon, personne ne semble encore capable de dire quels sont les effets de l’ingestion quotidienne de ces petites particules de plastique.

Une étude a révélé la présence de microplastiques, des particules de moins de 5 mm, dans les matières fécales de huit personnes de nationalités différentes qui ont été testées. Tous ont consommé des aliments emballés dans du plastique et bu de l’eau en bouteille, six d’entre eux ne mangeaient pas de poisson et aucun n’était végétarien.

Il n’existe pas encore d’études révélant les conséquences de l’ingestion de particules de plastique. Le ministère de la santé n’a pas encore fait de déclaration à ce sujet. Toutefois, un chercheur experts s’inquiète des dommages que les plastiques peuvent nous causer, notamment aux patients souffrant de maladies gastro-intestinales. Il avertit même que « bien que les plus fortes concentrations de plastique observées chez les animaux se situent généralement dans le tube digestif, les nanoplastiques peuvent passer dans la circulation sanguine, le système lymphatique, voire le foie », et rappelle que « bien qu’il existe des indications selon lesquelles les microplastiques peuvent endommager le tractus intestinal en favorisant les réactions inflammatoires, des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les dangers potentiels des microplastiques chez l’homme ».

Pour l’heure, ces études n’ont pas encore été réalisées, de sorte que le président de l’Association Française de gastroentérologie, bien qu’il considère que la présence de ces plastiques dans nos aliments est évidente, affirme que « nous ne savons toujours pas si c’est mauvais et encore moins dans quelle mesure ». Il estime que si l’ingestion de plastique a un effet négatif, « il ne sera pas très fort ». « Je pense qu’au final, beaucoup des maux auxquels cela pourrait être associé sont la conséquence d’une combinaison de choses : stress, fumées, mauvaise alimentation…, et pas seulement les microplastiques. L’expert conclut que pour affirmer quoi que ce soit sur les effets négatifs du plastique sur notre corps, « il faut des études de haut niveau comparant des personnes exposées à des personnes non exposées ».

Problème émergent

Pour sa part, les experts considèrent l’ingestion humaine de micro- et nanoplastiques comme « un problème de sécurité alimentaire émergent, car la toxicité du plastique et de ses composants n’a pas encore été évaluée par des comités d’experts scientifiques internationaux ». Pour l’instant, il reconnaît que les effets possibles sur la santé humaine sont inconnus en raison du manque de connaissances sur l’endroit où les plastiques se déposent dans notre corps. « On pense que seules les plus petites particules (1,5 micron ou moins) pénètrent dans les capillaires des organes et que le reste est excrété », mais il met en garde contre la suspicion que nombre de ces additifs plastiques peuvent provoquer des troubles endocriniens et que des polluants toxiques absorbés par les plastiques peuvent être libérés. Il fait également allusion aux conclusions du rapport de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) sur l’impact des plastiques sur le système immunitaire, selon lesquelles les plastiques peuvent provoquer un stress oxydatif et des modifications de l’ADN.

Vider les viscères

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture considère qu’il est de bonne pratique, afin d’éviter une exposition directe, de vider les viscères de ces animaux avant de les consommer. Par exemple, l’OCU a signalé que des microplastiques ont été trouvés dans 69 % des fruits de mer testés, 66 % des sels, 71 % des mollusques et 66 % des crustacés. Un microplastique est un plastique dont la taille est inférieure à 5 mm.

Une autre étude alerte sur la présence de plastiques à différentes concentrations dans tous les sels analysés dans les différents marais salants de sites représentatifs de la côte Française. De 60 à 280 microparticules par kilo de sel. Ces données ne diffèrent pas beaucoup d’autres études similaires réalisées en Chine, aux États-Unis ou en Malaisie. Si la consommation quotidienne moyenne de sel est d’environ 5 grammes, ce qui est la recommandation maximale de l’OMS, nous assaisonnerions nos repas avec 510 microparticules de plastique chaque jour (uniquement dans le sel). Et selon une autre étude, le consommateur moyen de mollusques, crustacés et coquillages peut ingérer jusqu’à 6 400 microplastiques par an.

Production de plastique

Chaque année, nous produisons 400 millions de tonnes de plastique, dont environ 5 % finissent dans la mer. Bien qu’il soit presque impossible de mesurer la quantité de plastique flottant dans nos eaux, on estime que 5,25 trillions de fragments flottent encore dans les océans et les mers, sans même compter ceux qui ont déjà atteint le fond et ceux qui se trouvent sur les plages. Le contrôle de ces déchets est le meilleur moyen d’avoir non seulement une planète plus saine, mais aussi un régime sans produits toxiques, avec des poissons, des fruits de mer et du sel plus propres. Les microplastiques proviennent, d’une part, de la décomposition des plastiques que nous utilisons (ustensiles, sacs, emballages, bouteilles…) et, d’autre part, des nombreux cosmétiques, notamment les dentifrices, exfoliants et gels, qui ajoutent ces particules dans leurs compositions. Les plus courants sont le polyéthylène (PE), le polypropylène (PP), le polyéthylène téréphtalate (PET) et le polyméthacrylate de méthyle (PMMA).

Plastique ingéré 2