A quand une criptomonnaie officielle de la Banque Centrale Européenne ?

Les criptomonnaies basées sur la technologie blockchain et décentralisées comme le bitcoin, l’ethereum ou le dogecoin occupent les gros titres et ajoutent quotidiennement des participants, mais n’ont pas encore le soutien des grands gouvernements et des banques centrales.

Le marché des crypto-monnaies a cessé d’être un réduit convenant uniquement aux geeks de la technologie ou aux anti-système convaincus. La promesse de rendements élevés et la facilité apparente avec laquelle on peut investir dans ces actifs attirent de plus en plus d’investisseurs, tant institutionnels -BlackRock, la plus grande société d’investissement au monde en termes de volume d’actifs, a déjà le bitcoin dans son collimateur- que de petits épargnants.

Mais la croissance de cet écosystème financier alternatif a également attiré l’attention d’organisations de toutes sortes, conscientes du changement qui s’opère. Des grandes entreprises technologiques telles que Facebook, PayPal ou Tesla, à Mastercard ou même El Corte Inglés en Espagne, sont de plus en plus nombreuses à vouloir participer, soit en autorisant les paiements avec ces monnaies virtuelles, soit en lançant les leurs.

Ce mouvement est récent mais puissant, selon l’ancien gouverneur de la Banque d’Espagne, Miguel Ángel Fernández Ordóñez. Car s’il y a trois ans, les autorités monétaires ne s’intéressaient « pas du tout » à ce type de monnaie, « aujourd’hui, c’est complètement l’inverse ». « On ne discute plus de savoir s’il faut ou non introduire une monnaie numérique publique, mais comment et quand », a déclaré l’économiste lors de la présentation du sommet virtuel de Séville sur les monnaies numériques et le système financier européen.

Est-ce de l’argent sûr ?

Le monde des crypto-monnaies implique une transformation numérique et une contribution « très importante » pour améliorer la concurrence et l’innovation dans les services de paiement, qui sont actuellement « arriérés » et « coûteux et lents ». L’ancien banquier a également fait allusion à la crise financière de 2008, période qu’il a vécue présidant la Banque d’Espagne, et a déclaré que les monnaies numériques sont une « opportunité » d’avoir une monnaie sûre, « qui n’est pas une source de crise ».

La Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne (BCE) mènent toutes deux des recherches dans le but de créer des livres et des euros numériques à usage général. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a estimé que l’entité pourrait disposer d’un euro numérique vers 2023 et travaille déjà sur un projet de monnaie éloignée de la technologie blockchain. De son côté, aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) analyse le développement d’un dollar numérique en collaboration avec la Federal Reserve Bank of Boston et le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ces entitées travaillent sur le « commentcar la conception d’une monnaie numérique publique est complexe. Toutefois, l’économiste est convaincu qu’elle conduira à la « transformation structurelle des économies » dans les prochaines décennies.

L’arrivée de ces monnaies numériques institutionnelles ou « traditionnelles » sera une « transformation révolutionnaire » du système financier  ainsi que le rôle joué par les crypto-monnaies.  Dans ce contexte, la Chine est le pays qui a le plus de chemin à faire : elle dispose déjà d’un yuan numérique fonctionnel, qui a été lancé dans certaines villes. C’est le plus grand investisseur en crypto-monnaies, le plus grand détenteur de fermes minières, ils ont une position très forte dans le monde….. Mais les États-Unis et l’Europe sont encore en train de « d’effeuiller » la  marguerite  à propos de leur décision finale sur la criptomonnaie officielle.

Il faut toutefois rappelé que, même si l’euro est « à la traîne » du yuan numérique, il existe une corrélation avec l’évolution du dollar numérique. On s’attend plutôt à une action conjointe et concertée de la Fed et de la BCE, et je pense que ce n’est pas pour tout de suite », a déclaré le commissaire au sommet, qui a souligné les « problèmes » des économies ouvertes et libres, comme l’Europe, qui exigent d’être « plus prudents » dans la mise en œuvre et la réglementation d’une transformation aussi « importante » que celle de l’euro numérique.
La réglementation ne peut pas être faite à la légère : elle est très nécessaire, mais elle doit être intelligente et trouver le bon équilibre entre la souveraineté monétaire, la stabilité financière et l’innovation. Il faut le faire avec prudence, mais aussi avec beaucoup de vision pour l’avenir.