Le triangle des Bermudes est-il un lieu maudit ? Est-ce une zone plus dangereuse que les autres pour les bateaux et les avions ? Cette zone océanique située entre la Floride, Porto Rico et les Bermudes a fasciné les scientifiques, mais aussi le grand public. De nombreuses théories ont été proposées, la culture populaire s’en est emparée et les complotistes y voient forcément un phénomène qu’on tenterait de nous cacher. Voici comment est née cette légende urbaine et quels sont les faits.
Le triangle des Bermudes, une zone géographique non reconnue
La zone géographique que représente le triangle des Bermudes est très fluctuante selon les récits rapportés et les considérations des écrivains qui ont décrit les mystères liés à cette zone. Il n’existe pas en effet de définition officielle, même si sa représentation la plus commune consiste en un triangle formé par l’archipel des Bermudes, Miami et San Juan à Porto Rico. C’est Vincent H. Gaddis, qui a été le premier à utiliser l’expression « triangle des Bermudes » en 1964.
L’origine de la légende commence par un article de presse
Le 17 septembre 1950, Edward Van Winkle écrit un article dans le Miami Herald qui fait mention pour la première fois de disparitions inexpliquées dans le secteur. Mais, l’emballement médiatique prend forme après la publication d’un article de George X. Sand dans un magazine américain spécialisé dans les phénomènes paranormaux, Fate. Le texte raconte la disparition inexpliquée d’une escadrille de cinq chasseurs-bombardiers, le 5 décembre 1945 au large de la Floride. Les théories les plus farfelues sur cet événement se sont alors multipliées, dont celles qui reposent sur l’intervention d’extraterrestres, l’influence de l’Atlantide ou une distorsion spatio-temporelle… Pourtant, il semblerait que les avions d’exercice, dépourvus d’éléments de navigation, se soient tout simplement perdus en mer après que le compas du pilote instructeur, le lieutenant Charles Taylor, fut tombé en panne.
25 ans pour réfuter la légende. Il a fallu attendre la parution en 1975 de l’ouvrage « The Bermuda Triangle Mystery: Solved » de Larry Kusche pour découvrir que les chiffres ont été largement exagérés et que le nombre de disparitions dans ce fameux triangle des Bermudes ne s’avère pas plus élevé que dans toute autre zone de navigation bénéficiant d’un trafic maritime similaire. La preuve : les compagnies d’assurances, qui s’appuient toujours sur des études statistiques solides, ne jugent pas utile de majorer leurs primes pour les navires ou avions amenés à traverser cette zone.
Plusieurs raisons expliquent la disparition des bateaux
Cette zone doit faire face à des tempêtes très violentes dans lesquelles peuvent se créer des vagues dites « scélérates », soit de véritables « murs d’eau » pouvant atteindre 30 mètres de haut. Si ces vagues sont très rares, elles peuvent être destructrices. En tout cas, la météorologie particulière de la région favoriserait ce type de vagues. Et, si les bateaux disparaissent sans laisser de traces, l’explication la plus plausible est le rôle du Gulf Stream, un courant océanique chaud très puissant et capable d’effacer les preuves d’un naufrage. À noter aussi que les récifs des Bermudes, s’ils sont une barrière naturelle qui protège de la fureur de l’océan, ont également mené beaucoup de marins à leur perte.
Autre explication, le rôle du méthane: En effet, la matière organique enfouie dans les sédiments marins rejette du méthane. Si de grandes quantités de méthane dégazaient tout à coup, elles diminueraient localement la densité de l’eau, réduisant d’autant la poussée d’Archimède. Résultat : des bateaux pourraient brutalement couler à pic. Enfin, le « Triangle du Diable », l’autre nom du triangle des Bermudes, est l’un des deux seuls endroits sur terre où une boussole pointe vers le nord vrai et non vers le nord magnétique. Cette variation est connue sous le nom de « déclinaison magnétique ». Si le navigateur ne prend pas en compte cette variation d’environ 20 degrés, il est amené à dévier fortement de sa trajectoire et peut se retrouver en difficulté. Mais, cette variation est connue des navigateurs.
Le véritable mystère est peut-être que la légende perdure. C’est bien là le plus étonnant. Alors qu’il est démontré depuis longtemps que le triangle des Bermudes n’a rien de mystérieux et que les nombreux naufrages sont surtout dus à une météo capricieuse dans cette zone, la légende est toujours aussi populaire…