La nouvelle réalité de l’économie immobilière du Québec et plus particulièrement de Montréal est l’investissement massif des immigrants d’origine chinoise dans des condos. Les chiffres ne trompent pas puisqu’en 2018 ce sont 33 % des acheteurs de condos à Montréal qui sont chinois contre seulement 8 % en 2015. En voici les raisons ainsi que les effets à la fois positifs et négatifs sur le marché local de l’immobilier.
Pourquoi les chinois investissent dans des condos à Montréal
La première des raisons est avant tout fiscale. Précédemment très implantés dans des villes comme Vancouver et Toronto, la communauté chinoise a littéralement fait changer le visage de ces villes qui ont décidé de combattre ce phénomène en imposant lourdement les investissements immobiliers effectués par des étrangers.
Ces derniers se sont donc tournés vers la belle province lorsque la taxe est passée de 15 à 20 % en un an avec aussi une nouvelle imposition sur les logements vacants. Au Québec, au contraire la législation est très favorable à la venue des capitaux étrangers avec le Programme des immigrants investisseurs du Québec (PIIQ).
Ce programme permet chaque année à près de 1900 riches étrangers d’obtenir leur Certificat de sélection du Québec qui est la première étape vers la résidence permanente, et ce en échange d’un prêt sans intérêt de 1,2 M$ à Investissement Québec.
Toutefois, les statistiques révèlent que 90 % de ces immigrants iront finalement s’installer dans d’autres provinces, particulièrement à Vancouver et Toronto. C’est notamment pour éviter ces fraudes que la Colombie Britannique a donc instauré cette forte taxe.
Le phénomène est particulièrement criant au centre-ville de Montréal, où ce sont plus de 10 % des condos neufs à vendre qui ont été acquis par des étrangers, dont certains n’ont jamais mis les pieds au Québec.
Les effets de cet afflux massif
Certains y verront de nombreux avantages car ces investisseurs chinois sont dotés d’un fort pouvoir d’achat et c’est donc toute l’économie locale qui bénéficiera de l’argent dépensé. Consommateurs exigeants, les chinois immigrant Canada veulent souvent ce qu’il y a de mieux en matière de voiture, d’école, de restaurant et de boutiques. Ces investisseurs vont donc booster une économie non seulement en termes de volume mais aussi sur le plan qualitatif.
L’autre revers de la médaille est cependant moins glorieux car les autorités craignent aussi un afflux de capitaux occultent que les propriétaires cherchent à blanchir. Les lois anti-blanchiment sont en effet assez peu nombreuses au Canada et un groupe d’experts sur l’argent sale a récemment estimé que 5 % de la valeur des achats résidentiels de 2018 étaient attribuables au blanchiment.
Ce phénomène contribue hélas aussi à la hausse du prix de l’immobilier comme cela a récemment affecté l’Alberta et l’Ontario, mais aussi toutes les grandes villes du pays. Le fait qu’on ne puisse même pas identifier facilement qui est un acheteur étranger complique considérablement la situation face à l’arrivée de capitaux étrangers aux origines douteuses.
C’est pour cette raison que l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (l’APCIQ) demande au gouvernement de moderniser les données recueillies, comme la citoyenneté des acheteurs, avec la création d’un registre public, accessible à tous, précisant la propriété véritable de chaque résidence.